Juste pour changer des discussions "Rosalie"
Un peu du parlé de chez moi :
LE TOULOUSAIN : Leçon 1
C’était une fille qui était grosse comme une mirgue, et rien que ça, déjà, elle faisait peine.
Si elle s’était espaternée sur un trottoir, ça c’est sûr, elle aurait pas risqué de le casser...
Même que ses voisins disaient :
- Ate là ! la pauvrotte...
Enfin bref, son père disait à qui voulait l’entendre qu’elle était pas bonne à grand chose et elle se prenait des buffées à longueur de temps, cet homme, c’était un cap de bourrou.
Il la considérait pire qu’un cagagnous, et il prétendait qu’elle avait surtout la cagne et rien de plus.
Il la mettait minable.
Pourtant, elle lui garnissait tous les papiers, illettré qu’il était, elle passait du lampeau tous les jours partout, et quand elle nettoyait la table, ça ne péguait pas. Elle savait même rapetasser.
Une fois, elle lui avait changé le mneu de sa meule ( un vrai tavanard ), c’est dire qu’elle était aimable.
Va savoir la vérité...
Il se plaignait partout qu’il avait la care d’avoir une fille pareille, prétendant que c’était une piotte et qu’il n‘y avait rien à en tirer.
Il criait tout le temps :
- Je vais te foutre un pain, vas beï ! Tu vas te prendre un de ces taquets !
Elle, elle s’en caguait de la rouste ! Elle pliait ses peilharòts, quand il la manaçait d’un patàc, et elle s'escampait.
Elle revenait quand il avait démurgé.
Si c’était le dimanche matin, elle allait l’inquét. Sinon elle allait bader à Garonne avec le gafét du voisin, un couillounét qui faisait couffe sur couffe et ne racontait que des craques, mais ça l’amusait la pauvrotte.
Des fois, il attrapaient la connerie, et il faisaient les cacous en faisant mine de se castagner devant les gens espantés, puis ils décanillaient en rigolant !
Tellement ils riaient, qu’ils s’empéguaient même des passants dans leur fuite !
Ils s’étaient même pris des rèches pas possibles.
Mais il fallait rentrer pour faire le manger de midi.
La pauvrotte, elle avait beau faire des plastras de nouilles, ça n’allait jamais ! Si son père avait été moins ratche, elle aurait fait autre chose, mais ce n’était jamais possible. Il rapapiégeait quoiqu’elle fasse et il tchaoupinait dégoûté dans son assiette.
Après, il allait ronquer un coup, ça lui faisait des vacances !
Il y avait vraiment de quoi en avoir un sadoul...
PETIT LEXIQUE A L'USAGE DES FRANCHIMANDS ( Français )
Mirgue : Petite chose pas plus grosse qu'une souris ( mirga (le a enfin de mot se dit o en occitan )
Faire peine : Faire grande pitié
S'espaterner : Se ramasser de tout son long. On peut dire aussi s'espatarrer et s'estrasser.
Ater : Regarder.
Se prendre une buffée : se prendre un soufflon ( le soufflet se dit Bufet - ne pas prononcer le f , dire buhet- en occitan )
Cap de bourrou : tête d'âne
Cagagnous : petit caca, chiure
cagne : Flemme
Mettre minable : mettre plus bas que terre
Garnir les papiers : remplir des formulaires administratifs
Passer du Lampeau : laver à l'eau de Javel ( à Toulouse se fabriquait du javel Lampeau ).
Avoir la care : avoir la honte
Piotte : Dinde
Péguer : poisser
Rapetasser : repriser, mettre un pétassou ( une pièce )
Un mneu : un pneu. Ou encore un peuneu.
Meule : mobylette
Tavenard : gros bourdon qui fait un bruit d'enfer
Aimable : serviable, sympa
Foutre un pain : coller un gnon
Taquet : Foutre un pain
Peilharòts : hardes ( peilles en occitan. Prononcer peyarott )
Un patàc : un gnon
S'escamper : s'enfuir très vite
Démurger : dessoûler
L'inquét : Le marchand pas cher, le marché au puces
Bader : rêvasser
Un gafét : un jeune apprenti, par extension un jeune homme
Couillounét : un gentil garçon un peu simple
Couffe : bourde
Craques : menteries pour épater
Attraper la connerie : Avoir subitement la coquinerie
Se castagner : se battre
Décaniller : lever très rapidement le camp. S'enfuir
Plastras : un plein Saint Pierre
Ratche : radin
Rapapiéger : répéter toujours la même chose
Tchaoupiner : remuer pour rien, ergoter
Ronquer : ronfler
En avoir un sadoul : en avoir plein le dos à vomir
Faire le cacou : faire l'interessant
Espantés : sidérés